#2 DRAPEAU ET LOGO
Les drapeaux des pays, régions, communes et autres territoires peuvent être considérés comme des logos. Ils ont en effet un rôle d'identification qui permet à des entités administratives de "marquer leur territoire", notamment sur le plan juridique. Le cas est flagrant pour les ambassades, qui arborent fièrement leurs drapeaux nationaux sur leurs façades. Côté marques, c'est dans les grandes surfaces commerciales que cette fonction de revendication territoriale est la plus assumée, chaque enseigne tentant d'optimiser la visibilité de son identité visuelle pour mieux se démarquer de la concurrence et délimiter son emplacement.
Le drapeau et le logo ont aussi en commun une fonction fédératrice. Ils rassemblent des communautés de citoyens, de salariés ou de consommateurs autour de valeurs fondatrices, plus ou moins évoquées dans leur design. Pour les marques, plus libres dans leur expression visuelle, la démarche peut devenir quasi messianique, avec des logos faisant référence à des symboles en résonance avec la psyché du public-cible.
Le "flying Eagle" de Harley Davidson, symbole de liberté
L'exercice est plus délicat avec les drapeaux, qui répondent à un certain conformisme. Le bleu, blanc, rouge du drapeau Français, qui symbolisaient le peuple de paris (bleu et rouge) et la royauté (blanc) n'évoquent plus grand-chose de nos jours. Certains drapeaux ont cependant fait le choix de l'originalité, utilisant des symboles plus explicites. Le logo Coréen, par exemple, utilise le Ying et le Yang et les trigrammes du Yi King représentant la terre, le ciel, le feu et l'eau.
le "Taegeukgi "de la Corée du Sud
Plus prosaïquement, le drapeau du Mozambique illustre sans détours un fusil AK-47 (détermination du peuple à défendre sa liberté) et un livre (foi dans l'éducation)...
drapeau du Mozambique
Dans leur forme, on remarquera que les drapeaux ont l'obligation d'être rectangulaires. 2 exceptions : les drapeaux de la Suisse et du Vatican, qui sont en carré. Pour la Suisse, qui a longtemps bataillé pour défendre son exception morphologique (sur la base d'un règlement de l'ONU, autorisant toute forme divergente de drapeau, à condition qu'elle ne dépasse pas celle du format rectangulaire standard), le carré illustre idéalement les valeurs de stabilité, de force tranquille, d'équilibre qui caractérisent les Insititutions et les citoyens de ce pays.
Il arrive aussi que le drapeau, comme le logo d'ailleurs, fédère (trop) sélectivement, dans une logique partisane (pour le logo, on parlera plutôt de logique de segmentation...). Ce fut le cas avec le nouveau drapeau de Madagascar, dont les couleurs rouge et blanc feraient allusion à une population spécifique, celle du royaume anciennement dominateur de Merina. Le rouge et le vert, quant à eux, renverraient aux couleurs du parti politique PSD, qui était au pouvoir à l'époque...Pour surmonter les rancoeurs, il est dorénavant expliqué que le rouge réfère au sang de zebu, le vert aux forêts malgaches et le blanc, à la paix...
Enfin, je concluerai ce parallèle entre drapeau et logo en mentionnant leur dimension quasi-sacrée : brûler ou déchirer un drapeau est un sacrilège, tout comme déformer ou imiter le logo d'une marque... Les grandes entreprises dépensent plusieurs centaines de milliers d'euros chaque année pour entretenir et défendre leur identité visuelle. Une simple anomalie de couleur ou de typographie sur un logo attirera immédiatement l'oeil d'un client et suscitera la méfiance ou la déception. Logos et drapeaux ont ainsi leur intégrité, parce l'un et l'autre symbolisent, plus que tout autre signe, la souveraineté d'une marque ou d'un pays.